«Il est une foi», un festival de cinéma entre sacré et profane

Publié le 11 avril 2016


Par Luisa Ballin

Trouble. Titre beau et mystérieux, pour la deuxième édition du festival Il est une foi, événement cinématographique qui fera la part belle à une quinzaine de films à dimension spirituelle. Au programme du cette initiative originale de l’Église catholique romaine à Genève, des longs métrages qui ont secoué les consciences et même prévu la retraite anticipée d’un pape.

Avec Habemus papam et La messe est finie, le réalisateur italien Nanni Moretti analyse avec brio et humour les doutes de deux hommes de foi. Dans le premier de ces deux films emblématiques, il relate les pérégrinations d’un prélat (interprété par Michel Piccoli) hissé malgré lui sur le trône de St-Pierre et dont les incertitudes mettent à rude épreuve l’ardente patience de ses ouailles et l’esprit compétitif de cardinaux devenus volleyeurs en attendant le retour au Vatican du pape fugueur. Dans La messe est finie, le réalisateur narre les vicissitudes d’un jeune prêtre fringant (interprété par le même Moretti) exerçant son vicariat au bas de l’échelle ecclésiastique, si loin de Dieu et si près du commun des mortels.
 
Il est une foi est un espace culturel de dialogue et d’échange où se rencontrent chrétiens, athées et autres hommes et femmes de bonne volonté, toutes sensibilités spirituelles confondues, férus d’un cinéma d’auteur, vecteur de valeurs, de réflexion et de remise en question.
 
Si les voies du Seigneur sont impénétrables, celles du septième art sont infinies. Elles évoquent la transcendance avec Des hommes et des dieux du cinéaste français Xavier Beauvois. Et puisent au plus profond de l’âme avec Stalker, fruit de l’imagination de l’inoubliable poète de l’image que fut Andrei Tarkovski. Sans oublier le Voyage en Italie qui fit entrer Roberto Rosselini dans la légende du Néoréalisme italien. Ou le troublant Sous le soleil de Satan qui valut à Maurice Pialat une Palme d’or que les habitués du Festival de Cannes ne sont pas prêts à sanctifier.
 
En ces temps de trouble existentiel mondialisé, où la place du religieux est au cœur de nombreux débats et combats, Il est une foi rendra aussi hommage à l’écrivain français Georges Bernanos, dont les livres ont inspiré quatre films qui seront à l’affiche à Genève: Journal d’un curé de campagne et Mouchette de Robert Bresson, Le dialogue des carmélites de Raymond L. Bruckberger et Sous le soleil de Satan justement. Le petit-fils de l’auteur, le réalisateur Yves Bernanos sera présent.
 
Le cinéaste franco-newyorkais Eugène Green sera également dans la salle lors de la projection de son film La Sapienza, ainsi que le metteur en scène Edoardo Falcone qui a donné un second souffle à la comédie à l’italienne avec l’impénitent et hilarant Se Dio vuole, emmené par Alessandro Gassman dans un rôle à contre emploi endiablé.
 
Les jeunes, à la recherche de sens et de beauté dans un monde où se perdent les repaires, trouveront leur bonheur, le temps d’une projection, en découvrant Persepolis de la dessinatrice iranienne Marjane Satrapi ou l’intemporel Kirikou et la sorcière, conte animé signé Michel Ocelot, qui séduira petits et grands.
 
Quant aux amateurs de séries télévisées, ils ont rendez-vous le samedi 30 avril dès 14 heures, pour voir ou revoir l’intégrale de la troisième saison d’Ainsi soient-ils, série produite par Arte. En présence de l’acteur suisse Jean-Luc Bideau, protagoniste de ce marathon de la foi cathodique, qui participera également à un débat suivi d’une collation conviviale. Les nourritures célestes et terrestres pouvant s’accorder parfaitement, y compris dans la Cité de Calvin. Une table ronde animée par la journaliste Esther Mamarbachi évoquera par ailleurs la situation des Chrétiens d’Orient, le 1er mai.


Il est une foi. Du 27 avril au 1er mai. Cinémas du Grütli. Maison des Arts du Grütli. Genève. Programme complet: www.ilestunefoi.ch

Luisa Ballin