Du sable plein les yeux, moments soudanais


Publié le 21 juin


Par Luisa Ballin

L’impact des images. L’importance des mots. L’intemporalité de la culture orale et de l’héritage intangible. La photographe et auteure Enikö Nagy présente une exposition itinérante originale d’un Soudan jamais vu auparavant. Le livre « Sand in my Eyes, Sudanese Moments » (« Du sable dans mes yeux, des moments soudanais ») est un parcours de photos superbes couvrant un périple de 30’000 kilomètres. Elles sont accompagnées de proverbes, dictons et contes, recueillis auprès de tribus et groupes ethniques soudanais, rédigés en anglais et en arabe.

Conçu comme une journée au Soudan, de l’aube à la nuit, l’exposition présentée dans le Hall des Pas Perdus du Palais des Nations de Genève jusqu’au 9 juillet, explore à travers différentes régions et styles de vie, la richesse et la variété d’un model culturel et d’une philosophie très peu documentés auparavant. La photographe, Enikö Nagy, offre des regards différents sur le mode de vie nomade et sédentaire. Elle s’attarde sur la perception de concepts tels que la générosité, la bienveillance, l’importance du foyer, des rituels et de la spiritualité. Au travers des images sont captées l’atmosphère, la poésie de la vie quotidienne et de cérémonies rares. Les subtilités de la structure sociale soudanaise sont explorées par l’intermédiaire de la magie de contes et légendes, de proverbes et d’anecdotes.    

Qui sommes-nous? Comment les identités individuelles et communautaires se construisent-elles? Née en Roumanie, de parents d’origine hongroise, éduquée en Allemagne, Enikö Nagy questionne, se questionne, et cherche des réponses dans l’héritage immatériel soudanais. Après avoir travaillé pour le Service allemand du Développement pendant deux ans et demi, la jeune femme est partie à la rencontre des soudanais.

Son regard immortalise un Soudan autre que celui que les médias montrent habituellement. Il magnifie, entre autres, la beauté des femmes et des jeunes filles, leurs vêtements aux couleurs flamboyantes, leurs bijoux et leurs parures, des visages d’hommes. « Un secret n’est pas dévoilé sans un voyage », peut-on lire dans le livre des sagesses soudanaises recueillies par Enikö Nagy.

Les photos présentées, dans le livre et à l’exposition, ont été prises dans le nord du Soudan et dans le sud Kordofan, une région plus vaste que l’Allemagne. « Mon idée était d’ouvrir une fenêtre sur le Soudan ... J’ai mélangé les photos d’une région avec des textes provenant de l’ensemble du pays, pour montrer le lien. Parce que les Soudanais partagent une littérature orale constituée de poèmes, de légendes, de proverbes et de dictons. Ce kaléidoscope de photos et de textes mélangés proviennent de 45 tribus et groupes ethniques, après un parcours de 30'000 kilomètres ».

L’exposition, « Sand in my eyes, Sudanese Moments », présentée conjointement par l’Office des Nations Unies à Genève et la Mission permanente de la République du Soudan auprès de l’ONUG, a été présentée auparavant au Soudan, à Berlin, Munich, Londres, Madrid et Budapest. De Genève, elle se rendra à Oslo et au MAXXI à Rome, avant de mettre le cap sur les Pays-Bas, la Belgique, la France et les Etats-Unis.


Exposition à voir jusqu’au 9 juillet 2016 – Hall des Pas Perdus, Palais des Nations. Pour les personnes n’ayant pas de badge, un document d’identité est requis à l’entrée du Portail de Pregny.

Le livre “Sand in my Eyes, Sudanese Moments”, préfacé par l’UNESCO, est en vente à la Librairie arabe, L’Olivier. 5, rue de Fribourg, 1201Genève. Téléphone : 022 731 84 40.

 

Luisa Ballin